Voyager, partir au loin, être étranger, vivre dans un autre monde…
Il me semble que ma passion des voyages doit beaucoup à Tintin dont je m'efforce peut-être de copier les différents itinéraires. Ce petit bonhomme illumina mon enfance de son intrépidité. La littérature tint également une grande place, Henry de Monfreid, Kessel, Cendrars, Conrad, Miller, Kerouac, puis plus tard, Malraux, Gide, Hemingway, et pourquoi pas Loti. Des fenêtres de ma chambre d'enfant donnant sur la Garonne, je voyais passer les grands navires et pour revenir "chez moi", il me fallait aller tout au bout des quais de Bordeaux, ainsi que je l'écris dans mon premier "roman" :
« La belle Garonne n'apparaissait plus que par intervalles, ainsi que les grands bateaux, bananiers, cargos des Antilles et d'Afrique chargés de bois exotiques. L'extrémité du dernier hangar s'appelait Gare Maritime, il était peint en blanc, et son escalier recouvert d'un tapis rouge et bordé de plantes en pots, genre palmiers, accueillait les passagers des paquebots, des gens colorés comme on en voyait dans le livre de géographie, des Noirs en boubous, des Arabes avec chéchias rouges babouches et djellabas, je pensais au Crabe aux pinces d'or avec Tintin mon modèle, et je rêvais de repartir avec eux, voir le pays des femmes torses nus et des éléphants blancs. »
Nous n'avions pas la télévision et la lecture était pour ma génération, et fort heureusement, la seule ouverture sur le monde.
Plus tard, ma passion pour les Arts et mes débuts en peinture et sculpture, m'amenèrent à faire avec ma compagne le projet de voir de prés tous les grands sites archéologiques du monde, et « toutes les vieilles cultures » avant qu'elles ne s'uniformisent…puis ces dernières années , cela étant réalisé, nous est venue la passion aquatique, plongée, snorkeling, les poissons colorés et les requins souriants...
Nous avions élaboré notre philosophie du voyage, qui se nourrit de quelques citations :
Donc, nous préparons nos voyages longtemps à l'avance en lisant des auteurs du pays, et j'essaie presque toujours d'apprendre environ 300/400 mots et phrases utiles afin de respecter les gens et de nous débrouiller. Traverser un petit village Birman en disant « Mingalabar », ou "Sabah el kheir" , au fin fond de la Syrie (1998...), n'obtient pas le même effet que de clamer Hello !...et c'est valable partout. Demander dans leur langue aux gens si on peut les prendre en photo est une démarche de respect et cela nous occasionne des moments inoubliables, de belles rencontres et nous « ouvre les cœurs ». L'anglais m'emmerde.
Jamais nous ne voyageons autrement que tous les deux, sans aide (ou très rarement), en louant des scooters, des motos, des vieux 4 x 4 ou en prenant les transports locaux.
Pour nous le voyage « se mérite », il demande du travail, de la débrouillardise, quelques risques et parfois de l'angoisse, mais c'est le prix à payer pour ressentir l'intensité que l'on recherche.
Nous en sommes à 85 pays visités sur tous les continents et notre passion reste intacte même si, hélas, hélas, le tourisme de masse ("le voyage à la portée de tous"…) rend le monde souvent uniforme, abîmé, saturé, le comble étant atteint avec le culte des selfies… y compris dans les musées : ne pas regarder le chef-d'œuvre une minute mais se prendre en photo devant…justifierait la peine de mort ou pour le moins la flagellation ! 😏
Mais je ne suis qu'un vieux con…😖